San Miguel de Allende

Mexique

À LA DÉCOUVERTE DE SAN MIGUEL DE ALLENDE

San Miguel de Allende – Mercredi 11 mars 2020

À trois heures au nord de Mexico City, nichée dans les collines de l’État de Guanajuato, à une altitude de 1900 mètres, se trouve la ville de San Miguel de Allende,  une des destination préférée des mexicains et des touristes nord américains.

Baskets aux pieds de rigueur dans les petites rues pavées, je vous emmène explorer San Miguel de Allende.
San Miguel est inscrite au patrimoine mondial de l’humanité par L’UNESCO, depuis 2008 et classée parmi les 50 plus belles villes du monde.
Vous allez vite comprendre pourquoi.

Festival de couleurs
le long des rues

Coups de klaxon, taxis verts pomme, pick up dégingandés, bus rose fuchsia, quads, voitures rouillées ayant vu des jours meilleurs, SUV flambant neufs se fraient un passage sur Calle Zacateros, une des artères centrales de San Miguel de Allende. 

Je quitte cette avenue encombrée et marche le long des petites rues pavées et tortueuses bordées de maisons coloniales et boutiques diverses (artisanat, souvenirs, déco, galerie d’art, vêtements, bijoux, confiserie….).

De chaque maison dépassent de minuscules balcons débordants de fleurs.
De lourdes portes en bois orné laissent entrevoir de ravissants patios ombragés
Des pots de géranium, cactus, fougères, glycines, liserons, bien alignés sur les toits terrasse surveillent la rue.
Chaque maison arbore une couleur différente : ocre, rouge, rose, fushia, jaune, orange, brique, bleu clair, bleu roi, turquoise ou blanc immaculé, peinture un peu passée ou flambant neuve.
Je suis fascinée par cette architecture mêlant à la fois beauté stylistique et ce côté organique des façades abîmées, de la peinture qui s’écaille, des pierres qui commencent à aparaître, des herbes qui s’incrustent dans les fentes.

La Parroquia & El jardin

Toutes les rues mènent vers l’église de la Parroquia de San Miguel Arcangel et son clocher rose qui veille sur la ville. De style néogothique, ce clocher fantaisiste à plusieurs tours n’est pas sans me rappeler la Sagrada Familia de Gaudi à Barcelone !

En face de l’église de la Parroquia, se trouve « El Jardin», le principal Zocalo ou la place publique de la ville, bordé tout du long de bancs en fer forgé. Je m’assied pour profiter de l’atmosphère et immobile, j’observe le spectacle de la ville autour de moi.

De part et d’autre d’El Jardin, de l’autre côté des rues  pavées, s’élève un passage couvert avec des colonnades.
Banques, cafés et magasins occupent aujourd’hui ces bâtiments du XVIIe siècle qui étaient autrefois la résidence des comtes « gachupin » et des riches
« criollos ».
Des hommes d’affaires marchent d’un pas vif, des badauds flânent et discutent, d’autres lisent des journaux. Des enfants lancent des ballons et chassent des pigeons. Un cireur de chaussures s’active. Des touristes prennent des photos et regardent étonnés l’église et son clocher rose. Des petits vendeurs de ballons et de bonbons racollent.

Alors que le soleil descend doucement derrière les montagnes, un groupe de Mariachis est arrivé. En costume blanc et doré, trompette, violon et guitare, les musiciens entament un refrain repris en coeur par les passants.

Les pigeons observent impassiblement la scène depuis leurs perchoirs érigés sur la pierre rose de la Parroquia. Une statue d’Ignacio Allende, père du mouvement pour l’indépendance du Mexique et plusieurs statues de saints trônent à l’intérieur des grilles en fer de Parroquia, tous spectateurs muets de cette effervescence.

Mais d’où vient la richesse de San Miguel de Allende ?

San Miguel est restée une petite colonie endormie jusqu’à ce que des filons d’argent soient découverts à proximité en 1557.
La ville devient alors un important carrefour commercial pour l’or et l’argent le long de « l’Antigua Camino Real », la route de l’argent,  utilisée pour transporter les métaux précieux vers l’Espagne à partir d’autres villes comme Zacatecas. La cité  atteint son apogée coloniale au milieu des années 1700 avec une population de plus de 30 000 habitants. De grandes demeures, des églises, des monastères sont construites par les commercants et marchands ayant fait fortune grace au négoce de l’argent.

Quelques siècles plus tard, la ville a été le berceau de la victoire de la guerre d’indépendance mexicaine contre l’Espagne, grâce à Ignacio Allende, né à San Miguel en 1779. C’était un fervent partisan de l’indépendance mexicaine et un chef de file du soulèvement de 1810 contre la domination espagnole. Bien qu’il ait péri dans le combat, il a été honoré en 1826 lorsque la ville fut rebaptisée San Miguel de Allende. Aujourd’hui, il est célébré comme un héros national.

Cloches & clochers

Ding ! Dong ! Parfois un son grave, parfois une musique plus aiguë même cristalline, parfois un tintement lent, parfois un carillon exubérant et rapide, parfois un bourdonnement triste. Les cloches sonnent tout au long de la journée et pas forcément à une heure précise. Il y a des clochers dans toute la ville, trop nombreux pour être comptés. J’ai lu que l’on dénombrait plus de 300 églises et chapelles, quasiment une pour chaque jour de l’année ! Le personnage du sonneur de cloches n’a pas disparu au Mexique et perpétue la tradition.

La bande son de San Miguel

Vous venez de l’entendre avec le tintement des cloches, San Miguel stimule les oreilles tout autant que les yeux. Je vais vous passer en revue tous ces sons, ces bruits, ces musiques plus ou moins agréables qui animent au quotidien le quartier de San Antonio où je réside.
Dés que pointe le jour le concert commence avec le cocorico du coq des voisins, le roucoulement des colombes, nichées dans l’arbre du patio et les aboiements de chiens.
Au fur et à mesure de la matinée montent les coups de marteaux, les bruits de scie, les vrombissements des mobilettes, les ronronnement de moteurs.
Les roues résonnent cahin caha sur le pavé.
Arrive « la basura », le gars du camion poubelle frappe un seau en métal pour annoncer le ramassage des ordures. Sac poubelle à la main, chacun fait la queue pour le jeter dans le camion.
Un sifflement strident fend l’air, c’est l’aiguiseur de couteaux qui arpente la rue.
Une musique amusante sort du haut parleur du camion de bonbonnes de gaz.
Le vendeur de maïs crie un mot trainant « eeeeelooooteeee » (éloté, ce qui signifie épi de mais à vendre).
« Ding ding » c’est la clochette du marchand de glace (las paletas) sur son trycicle.
Quelques cris d’enfants jouant dans la rue.
Une musique mexicaine hurle à tue tête au passage d’une voiture.
Les petits oiseaux ne sont pas en reste et piaillent du matin au soir.
Dominant le tout, le tintement des cloches à des heures très imprécises !!
Même si tout cela ressemble fort à une cacophonie, tous ces sons disparates me sont devenus familiers et rythment ma journée. 

Les rues pavées

Les rues pavées donnent à San Miguel tout son charme : tout en rondeur tel un galet ou rectagulaire et bien poli, en pierre de lave volcanique, brillant et glissant le matin car lavé à grande eau, recouvert d’un voile de poussière le soir. Une palette allant du gris clair au gris foncé en passant par le rosé, j’observe ces pavés minutieusement placés les uns à côté des autres, bien arrangés tels des chocolats dans leur boîte.

Je ne peux m’empêcher de regarder ces pierres impassibles et de me demander ce qu’elles ont vu. Des centaines d’années se sont écoulées et pendant tout ce temps, combien d’ânes, de chevaux, de voitures, de mariages, de défilés, de cortèges funèbres, de processions sont passés et ont disparus. Immortels ces pavés demeurent.

Au marché

À quelques pâtés de maisons d’El Jardin et derrière l’église Oratorio, se situe le principal marché couvert de San Miguel : El Mercado Ignacio Ramirez.
On y vend absolument de tout !

À l’entrée, on trouve les marchands de fruits et légumes avec de gigantesques papayes, des ananas bien mûres, des mangues jaune pâle ou jaune foncé, des goyaves parfumées, de belles pommes brillantes, des fruits de la passion, des petits citrons odorants, des tomates rouges et vertes, des bottes de blettes, des gros oignons, des avocats à la peau rugueuse ou lisse, des poivrons alongés, des nopales (cactus), toutes sortes de piments séchés.

Ensuite, c’est au tour des fleurs fraîches : oeillets, pivoines, roses…

Au fond, les étales de viande, pas de gaspillage, on trouve toutes les parties de l’animal.

Un peu plus loin : le hierbero, l’herboriste propose un remède à tous les problèmes (stress, problème de foie, diabète, cholestérol, etc) et même contre le « mal de ojo », le mauvais oeil !

De l’autre côté, des comptoirs où l’on peut s’asseoir et déguster des emparedados (sandwichs), soupes, tostadas, frijoles… préparés sur place.

Ambiance d’un vendredi matin au marché couvert de San Miguel.

Mais qui sont ces mojigangas ?

Quelle n’est pas ma surprise lorque je vois débouler en haut de la rue un couple de géants à l’allure grotesque en habit de mariage.
J’apprends qu’on les appelle des Mojigangas (prononcé mo-hé-gan-gas).
Mais qui sont ces Mojigangas ?
Importés au Mexique dans les années 1600, les Mojigangas trouvent leurs racine en Espagne. D’aparence burlesques et farfelues, les Mojigangas représentent l’humanité, dans toute sa beauté, sa fantaisie et ses défauts. Elles peuvent être à l’image d’artistes, tels que Frida Kahlo, de politiciens, de Catrinas du Jour des Morts ou encore de couple heureux.
Accompagnant des évènements tel mariage, procession…, on les voit regulièrement défiler dans les rues de San Miguel.
Les énormes têtes des Mojigangas sont fabriquées en papier mâché peint et decoré tandis que le corps est une structure en A drapée de vêtements fantaisistes. Le danseur / marionnettiste se place sous la structure, ses pieds deviennent ceux de la Mojiganga et une légère fente au milieu du corps lui permet de voir.

Parades dans les rues

Dimanche 15 mars

De la musique à tue tête, des cortèges se sont formés le long d’El Jardin.
Toute une foule joyeuse et costumée danse fébrilement sur des rythmes entrainants !

Confinée à San Miguel pendant l’épidémie de Coronavirus

Mars, avril, mai, juin 2020

Qui aurait pu imaginer que quelques jours plus tard les rues seraient désertes et la fête se serait tue ?

Écrivez-moi.
Vous n’imagimez pas combien un petit mot peut donner du baume au coeur quand on est à l’autre bout du monde embarassed

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