Tikehau
Polynésie françaiseSurvol de l’atoll
Mardi 1er septembre 2020
L’avion a commencé sa descente, l’atterrissage est annoncé. Par le hublot, je ne vois qu’un océan de bleu, du bleu, du bleu encore du bleu. L’avion continue sa descente et se dessine au loin un anneau ponctué de vert, blanc et turquoise.
À 350 kilomètres au nord de Tahiti et à un peu moins d’une heure de vol, Tikehau a la réputation d’être l’un des plus beaux atolls de l’archipel des Tuamotu.
Un atoll, c’est un ancien volcan qui s’est érodé, enfoncé progressivement sous son poids et se trouve aujourd’hui submergé. Seuls les motu (banc de sable) et le récif corallien affleurent à la surface de l’eau.
L’aéroport
Bordée de cocotiers de part et d’autres, la piste d’atterrissage est seulement signalée par quelques panneaux sur lesquels sont écrits en lettres rouges sur fond blanc « TUHAA TABU ». Tabu, un mot tahitien passé dans la langue française de tous les jours.
Motu et hoa
Le village
Le long de la rue principale bordée par des cocotiers, des uru (l’arbre à pain) et des hibiscus on trouve l’église, le magasin d’alimentation générale, la poste.
À l’image d’un grand nombre d’atolls, il n’y a pas d’eau courante à Tikehau. Chaque maison dispose d’une immense citerne pour récupérer et stocker l’eau de pluie.
Une île au nom enchanteur
Prononcé Tiké-a-o, dans la langue des Tuamotu, Tikehau signifie “arrivée paisible,” ou « aller chercher la paix. » C’est bien ce que je vais ressentir pendant ces 9 jours.
Je prends d’emblée la mesure de cet atmosphere paisible : une nature préservée, une vie rythmée par les éléments.
Je suis sur une terre, mais une terre qui n’est pas de terre mais composée uniquement de coraux. Des coraux empilés, broyés, transformés, solidifiés au cours des derniers millénaires.
Dans les temps anciens une très belle jeune fille humble de coeur se prénommait Hina. Sa devise de chaque jour : aimer, respecter et protéger la nature, la faune, la flore et autrui. C’est pour cela que les habitants avaient beaucoup d’estime pour elle et la considéraient comme la reine de leur île.
Si Hina voulait se baigner dans la vasque située aux pieds des feo, elle avertissait son père qui frappait un grand coup sur les édifices rocheux en forme de cloche.
Ce son grave résonnait sur tout l’atoll
Les habitants savaient ainsi qu’il ne fallait pas s’aventurer du côté récif et de la pointe où la reine s’apprêtait à se baigner.
Le père frappait un deuxième coup sur la cloche : il demandait à la mer de remplir la large vasque de corail qui servait de baignoire à la reine Hina. Lorsque la vasque était pleine, Hina y descendait pour se rafraîchir.
Au troisième coup donné la mer se retirait, la vasque se vidait : la reine avait fini de se baigner et les habitants pouvaient circuler librement du côté de la pointe.
Rencontre avec les feo
On les appelle des feo. Ces fragments de récifs sont les vestiges d’un passé géologique tourmenté semblant tout droit sortis d’une autre contrée, lointaine et montagneuse. Pourtant leurs formes abruptes et leur sombre couleur appartiennent bel et bien au patrimoine naturel de Tikehau.
Ces roches noires, ces « falaises » comme disent les habitants, contrastent fortement avec la finesse du sable blanc d’où elles semblent surgir.
Les feo fichés sur le sable en rang serré tel une muraille naturelle.
Une galerie à ciel ouvert de sculptures ciselées de la main du ciel.
Des visages grimaçants, des silhouettes grotesques, des monstres à deux têtes se dressent sur un fond de bleu face à la mer.
Deux feo en grande conversation devant l’océan.
Un petit cocotier oscille au vent tel un drapeau marquant la conquête d’un nouvelle terre.
Le long du platier
Paysage quasi lunaire ? Lave refroidie après l’éruption ? Fossile empilée après un cataclysme ?
Une impression étrange m’envahit quand je marche sur ces strates de corails accumulées.
Evocation du temps qui passe.
Seule au monde
Je ressens ma solitude comme une plénitude. Cette sensation m’enivre.
Un presque rien égaré dans le tout. Seule au milieu du sable et de l’eau, je me retrouve entière, l’énergie des éléments m’envahie.
Je me sens déconnecté du monde et des autres, je me retrouve avec moi. Je suis loin de cette frénésie des villes et je me sens en osmose avec la nature.
« Nature always carries the colors of the spirit ».
Ralph W. Emerson
Seule au monde sur un motu de sable rose.
Sentiment de liberté.
Sentiment d’immensité.
Sable rose
Est-ce une illusion d’optique ?
Non, je vous assure, le sable est bien rose à Tikehau. Un rose poudré illuminé par une lumière brillante et pure.
En compagnie des requins
À fleur d’eau, j’aperçois deux ailerons. On les appelle des pointes noires, ces requins sont inoffensifs m’a-t-on dit.
Un peu plus loin, assise dans l’eau, une grand mère porte son petit garçon dans ses bras. Les requins forment une ronde autour d’eux. Ils semblent jouer.
La cocoteraie
L’économie de Tikehau repose principalement sur le coprah, la noix de coco séchée. On s’en sert pour faire l’huile de coco, à la base du monoï.
Pour boire, l’eau de coco
La pension Hotu
Quelques paillotes, la plage, des cocotiers, une grande table où le dîner est pris en commun, voici la pension Hotu.
Mon petit bungalow est face au lagon. Un grand ventilateur, un lit avec une moustiquaire, des rideaux bariolés qui volent au vent, une table, une chaise.
Le jour de la goelette
C’est l’effervescence sur le quai, la Dory vient d’arriver. La Dory, c’est le navire qui effectue la liaison hebdomadaire au départ de Papeete et à destination des Tuamotu de l’ouest.
Sac de légumes, filets de fruits, carton de bouteilles, boites de conserves, machine à laver, bidon d’essence… Tout, tout transite via ces fameuses goélettes.
Mon baptème de plongée
D’un autre côté je trouvais dommage d’être en Polynésie, aux Tuamotu et ne pas plonger car les eaux sont réputées pour être parmi les plus limpides et les plus poissonneuses. Je me suis redonner une chance.
Seb #raiemantaclubtikehau a été très clair dans ses explications. Puis il m’a tenu par la main et en confiance je glissais dans ce monde sous marin, dans ce monde où il n’y a plus ni haut, ni bas, dans ce monde en apesanteur. Je me sens bien, je me sens libre, je vole entre deux eaux.
Une tortue à la carapace camouflage
Je savoure cette sensation d’apesanteur, ce silence, cette autre dimension.
Manea, notre capitaine a grandi à Tikehau.
Quel que soit l’état de la mer, les pêcheurs se rendent sur les nombreux parcs à poissons quotidiennement.
Au revoir Tikehau
Une indescriptible sensation d’avoir vécu quelque chose qui m’a profondément bouleversé. Un autre monde, un ailleurs, un vide mais tellement plein. Un retour à l’essentiel de la vie.
Pour explorer le lagon en paddle, c’est par ici
Vous n’imagimez pas combien un petit mot peut donner du baume au coeur quand on est à l’autre bout du monde
Vous n’imagimez pas combien un petit mot peut donner du baume au coeur quand on est à l’autre bout du monde